Dans ta tête : Galerie de Portraits par Yasmine T. Miller


La stagiaire by une tête qui tente

L’agence est une agence comme les autres ou les gens travaillent à entretenir des clichés sociologique confirmés. La fille concernée qui retiendra l’attention dans ce court récit est à la fois un ovni parmi ces gens mais aussi un autre échelon à l’égard des préjugés que couvrent ce milieu.

Rapide description pour commencer. Elle n’est pas grande mais en à l’air. Elle a de longues jambes fines surélevées par des pieds en pointe, un visage entre l’enfant et la femme fatale. Une frange entourée d’un carré plongeant qui parfaire la géométrie de son visage. De légères tâches de rousseur sous les yeux autour du nez. De grands yeux bruns sous de petits sourcils. Et la bouche formant constamment une moue superficielle et pourtant si naturellement présente.

Elle se mets en position de proie parmi les buffles qui ont du mal à ne pas taper du pied. Le menton relevé, l’allure assurée elle entre dans la plaine le pas vif, un léger basculement de la tête de manière à faire virevolter la crinière. Ils sont affamés, mais apeurés.

Est elle le gibier ou le prédateur? Le mystère et l’image qui dégage de cet aura incroyable impressionne.

Cependant dans son dos les autres bêtes félines l’appellent la pomme du nom de son mets préféré. Elle mange des gateaux en cachette par la bouche, se repoudre le nez et en laisse tomber parfois, et ne ressemble en rien aux apparences. Le gibier qui l’apprend fuit de peur de trop de responsabilité. Elle est seule.

Elle craint les autres et elle est victime de réciprocité.

Article de : Une tête qui tente

Video: Travail scolaire: Antonin Waterkeyn Benjamin Sanial



Couple n°3 by une tête qui tente
24 mars, 2008, 4:38
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C’était un grand jeune homme au regard trouble et à la préciosité infinie d’une duchesse autrichienne. Son teint délicat d’éphèbe grec, aux mœurs équivoques, attirait fatalement l’attention admirative ou malsaine de ses frères, vautrés dans un voyeurisme inquisiteur.

Forte de sa jeunesse éclatante, irradiante de fraîcheur, elle l’aperçue un soir d’office. Les psaumes moribonds et creux repris en chœurs, mais sans cœur, par la cohorte de bigots et de bigotes résonnaient inéluctablement faux, sous les voûtes humides aux lourdes poutres apparentes, théâtres en tout temps de noces païennes aux divinités sombres.

Fidèle parmi les fidèles, il semblait étrangement seul et reclus, comme perdu de sa soudaine gloire, sûrement par inhabitude. De ses doux yeux de première communiante, elle trouva cela touchant, ou terriblement pompeux. Ne lui accordant que des soupirs de dédain pour mieux cacher sa curiosité insatiable. Habile machiavel, elle feignit même la découverte banale d’un inconnu lors de leur première confrontation officielle, il en fit tout autant.

Pour cacher son abyssale attirance, signe évident de faiblesse, il crut bon de réciter quelques lieux communs affligeants, parés de cynisme mondain. Tentative futile et maladroite qu’elle perçu immédiatement. Sa longue canne de dandy misanthrope en main, il la poursuivit invariablement, avec l’obstination folle des amoureux éconduits.

Elle lui céda cependant un unique rendez-vous, un après-midi d’hiver, dans un café cossu de Saint-Germain. Délicatement accoudée contre les coussins épais d’une banquette en bois verni, elle l’aperçu arrivant au loin d’un pas pressé. Son regard ténébreux croisa le sien, alors qu’il esquissait un sourire facétieux au coin de sa lèvre, pâle d’angoisse et de froid. Comme emporté par tant de candeur, elle ne pu s’empêcher, elle aussi, de sourire. Dévoilant ainsi ses longues canines blanches de louve féroce.

Alors qu’il lui parlait, avec nostalgie, de son enfance épique, passée à défier le danger dans les forêts hostiles de sa lointaine contrée sauvage, une douce plénitude s’échappa du regard de la demoiselle. Elle les vu s’étreindre amoureusement lors d’un flamboyant crépuscule d’été sur la côte. Perdus dans le paysage inexorablement jauni par la canicule battante, encombré de pinèdes et clairsemé de quelques oliviers millénaires. Sa légère robe virevoltée par le souffle brutal du mistral. Protégée à jamais par les bras tendres de son amant. Comblée d’insouciance. Bercée par le romantisme hardant d’une symphonie de Schumann.

Gentleman téméraire, il insista pour payer l’addition.

Image de : Les amoureux du café de la Garre de  Desson


Article de : A. P



En quelques chiffres by Stobal de Carantilly

4,16 millions, c’est le nombre de personnes à la recherche d’un emploi ou étant en situation de sous-emploi (temps partiel…), soit 15,1% de la population active française. Chiffre que je peux aussi interpréter de la façon suivante :

 

Double du chiffre officiel du gouvernement Sarkozy.


Article de :Stobal de Carantilly

 

 



A Young Old man by une tête qui tente

On ne peut plus dormir tranquille quand on a ouvert les yeux.

Il était grand et mince et recouvert d’un imper. Très columbo et resserré à la taille. Une malette en bandoulière tout en cuir clair frappé en accordéon. Il avait les lunettes accoudées sur sa tête qui se perdaient dans des cheveux massivement noirs coupés de près avec des petits cheveux grisonnants. Son nez était droit tout comme sa posture, il avait les fossettes biens placées dans un visage légèrement bruni. De fins petits creux incrustées sur un visage sans expression signe d’une vie pleine de sourires et de tracas. Peut être même plus de sourires que de tracas. Sous sa manche était cachée une montre d’un goût des plus fins au cadrant doré rond et large et au bracelet en cuir. Sa démarche était lente et assurée . De grands pas la tête haute le nez en l’air, il ne voyait pas en dessous.

Il planait dans les hautes sphères il était un jeune vieux. Il convient de considérer qu’à notre époque à 50 ou 60 ans on est toujours jeune et on peut toujours attirer le regard curieux.

Image: Stefano Pilati, Marc Jacobs, Olivier Theyskens, Narciso Rodriguez, Miuccia Prada, Nicolas Ghesquière, and Alber Elbaz. by Steven Meisel

Article de : Une tête qui tente



Beer Man by une tête qui tente
19 mars, 2008, 6:43
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Sur l’autre quai il rendait mémoire au dernier poilu mort. Il était en mauvais état mais avait l’air d’avoir la mémoire claire. Il se plaignait que n’importe quel petit con comme nous allait à la faculté et ne savait même pas ce que ça représentait. Il était ronchon et je me suis sentie visée. Il clamait ne pas avoir la plus agréable des positions mais pouvoir tenir n’importe quelle conversation.

Et je le croyais.

Article de : Une tête qui tente



Nous c’est le goût! by une tête qui tente

Une grande noire élancée ouvre la porte et entre. Ses longues jambes jusqu’au plafond seraient parfaitement rentrées dans le tableau de chasse des hommes les plus friands. Sa chevelure volumineuse brillante était étranglée par un chouchou noir de velours. Ses sourcils fins sublimaient des yeux étirés en amande aux cils révérencieux. Propre sur elle, un assemblage de vêtements travaillé, « les trois ongles sans » m’ont attiré le regard. Ou plutôt devrais je dire les 2 faux ongles rouges sur l’annulaire et l’auriquiquiculaire et les trois autres sans.

Comme une tâche sur le tableau, comme un vice de procédure dans un procès, comme une mauvaise note chez Marc Bolan .J’étais déçue.

Quelle ne fut pas ma surprise quand elle a laissé passage à son Hardy, sa copine ou plutôt son public et qu’elle s’est mise à parler. Petits morceaux choisis:

Titre de la scène : L’incompréhension

« Tu vois pas que le mec alors que jle traite comme de la merde ouaich jcroyais qu’il comprendrait que je voulais et que ce que je voulais c’était pas lui HAHAHAHAHA (rire gracieux qui s’en suit). Bref le mec jcroyais qu’il allait m’envoyer un texto trop véner et tout et puis finalement le MEC il m’envoie, tu vois pas:

« Je crois que tu fais l’erreur de ta vie, alors je vais te donner la possibilité de te rattraper, demain après midi je serais à 15h devant le mac do de république. Bisous à demain »

HAHAHA ( à nouveau le rire gracieux,qui, toutefois, je dois admettre, était très justifié) La copine enchaîne « et alors t’y es allée? » « bah non et ce con il m’a envoyé un texto en me disant : tu veux que jtapel? »

Tout ça a été duement observé et mémorisé dans la file du mac do.

Article de : Une tête qui tente



Mère et Fille by une tête qui tente

Fille : « Dis leur que t’es une pute! dis leurrr! »

Mère : « Ne l’écoutez pas, n’appelez pas les pompiers ça sert à rien, elle est bourrée, elle a bu et elle a pris des cachets….

Quoique appelez les comme ça ils la prendront et jserai débarrassée! »

Fille : « Nan mais dis leur que c’est ta faute, que de toute façon t’as passé ta vie à faire le tapin. ».

Mère: « nan mais regardez là! »

Fille : « Mais t’es une puuuuuuuuuuuuuuuute!!!!!!!!! »

La fille était allongée par terre sur le bitume mouillé par la pluie, les mélanges de chewing gum et des incrustations des années passées. Les cheveux décolorés blonds et des racines noires, un tee shirt rose une longue doudoune beige, le pantalon élastique velour et le bidounou à l’air (le ventre). Elle était maquillée, ou que dis je peinturlurée. Elle avait l’air en détresse, un grand besoin d’aide, le genre qu’on a quand on est désespéré au point de se mettre dans cette situation pour attirer l’attention.

La mère était en fourrure plastique à taches léopard énormes telles qu’un léopard n’en n’a jamais eu. Cheveux courts décolorés, les racines faites pour elle. Le maquillage moins maladroit mais peinturluré quand même.

Fin de la scène

Image: Photo mère/fille pour le Comptoir des Cotonniers.

Article de : Une tête qui tente



Couple n°2 by une tête qui tente
13 mars, 2008, 11:56
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Il pleut, je marche vite. Le pied en plein milieu des flaques évidemment.Je tape un code secret. J’avance, à gauche. Cinq marches. Une porte grinçante. Un paillasson. 3 coups pour gratter les semelles. J’ouvre la porte de l’ascenseur et j’en vois sortir l’amour.

Un homme sort à reculons. Je ne vois d’abord pas son visage, il est courbé de nature. Une bosse fait ressortir le vert de son pull over. Il se retourne surpris, ravi que je l’aide et son sourire dévoile une incisive manquante qui n’empêche cependant pas de faire passer la gentillesse accompagnée dans son regard.

Au fur et à mesure de sa lente sortie il laisse place à sa princesse bien aimée et bien aidée. Un sourire bancal également mais surtout des jambes en grande difficulté dont une plus courte.

Il l’aidait avec le même sourire. Ce matin là j’ai croisé le vrai amour qui s’est embrassé deux pas et un quart d’heure plus loin.

Article de : Une tête qui tente



Le couple n°1 by une tête qui tente
12 mars, 2008, 12:32
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Dans une petite chambre mansardée aménagée tout spécialement pour optimiser l’espace, elle est là.

Petite au poids changeant, à l’accent frôlant ses lèvres à chaque parole. A 28 ans elle rêve d’indépendance, de découverte, de beaux objets.

Elle aime s’entourer d’esthétisme parlant.

A 21 ans, il cherche une dépendance, le genre de drogue sentimentale à laquelle il pourrait se gluer.

Image: Dessin de couple par Jean Cocteau

Article de : Une tête qui tente



Dépendance by une tête qui tente
6 mars, 2008, 11:06
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Une odeur de nourriture brûlée cependant attirante surplombe l’atmosphère. Il provient de ce pettit appartement, celui qu’occupe la vieille dame. Trappue, toujours emmitoufflée avec un accent détestable, ou peut-être n’est ce pas son accent mais son regard accentué et mesquin, ce petit sourire qui dévoile une mâchoire étroite dont les dents peu blanches sont entourées d’un fin petit trait gris cependant remarquable. Il dénote une évidente hypocrisie qui reste cependant cachée derrière un désir de faux semblants et d’apparences. Mauvaise actrice, préjugés, mauvaise femme ou tout simplement méchanceté.

Elle m’a quand même proposé le téléphone…

J’aurais peut être dû accepter. Dans la précipitation matinale due à la fatigue accumulée j’ai oublié le plus important, les clefs qui auraient pu ouvrir la porte à mon repos et à de la nourriture. Enervée contre moi-même, le téléphone a également été oublié. Plus de notion de temps non plus puisque pas de montre. Ces 3 objets insignifiants habituellement me manquent terriblement aujourd’hui… Il suffirait d’un coup de fil… Je n’ai même pas de liquide sur moi.

Plusieurs choix: frapper à sa porte et finalement accepter son offre qui sera signe de faiblesse. Attendre un membre au risque qu’il ne vienne pas et d’attendre toute la journée. Aller à la bibliothèque lire et ne pas avoir l’impression de perdre mon temps… Ecouter l’ascenseur avec l’espoir d’en voir sortir une figure connue et tant aimée… erreur… encore… Que faire? Ou sont ils?

Il fait froid dehors… J’opte pour le sommeil. Non, plutôt pour le reste, je vais descendre dans la rue et j’aviserais…

Article de : Une tête qui tente